Vous êtes très nombreux à nous interroger sur un possible retour de l’inflation avec la crise économique qui s’annonce. Un point de vue s’impose.
Un retour de l’inflation accompagné d’une baisse de la croissance, c’est la stagflation. Quels sont les facteurs en faveur d’une hausse de l’inflation ?
Dans les années 70, création de monnaie rimait avec perte de valeur de cette monnaie créée et donc mécaniquement hausse des prix. Ce qui est vrai dans une économie peu ouverte comme la France des années 70 ne fonctionne plus dans une économie mondialisée : à partir de 2015, la BCE par le mécanisme du Quantitative Easing a créé 2400 milliards d’euros sans retour de l’inflation. Le lien entre QE et inflation n’est pas systématique dans la mesure où le QE ne stimule pas toujours la consommation des ménages.
La création de monnaie à venir afin de faire face à la crise ne génèrera pas automatiquement d’inflation.
Dans certains secteurs qui ont été essentiels durant cette crise de confinement, des hausses de salaires sont à prévoir en milieu hospitalier par exemple. Cependant, le niveau de chômage devrait hélas remonter dans les mois à venir, limitant ainsi le pouvoir de négociation des syndicats. Le couple prix-salaires ne devrait pas s’enclencher.
Les mesures sanitaires mises en place aussi bien dans l’industrie que les services ont un coût double, l’achat des produits mais surtout une baisse de productivité horaire. Les entreprises seront amenées à chercher à compenser ces coûts par une réorganisation, une baisse des charges ou bien une érosion de leurs marges mais également en répercutant ces coûts dans les prix de vente. Si la crise sanitaire dure plus de 1 an, une hausse des prix sera inévitable quoique mesurée dans la mesure où l’environnement ultra concurrentiel limitera les effets d’une hausse de prix.
La crise sanitaire a mis en évidence le besoin de relocaliser sur le territoire des activités stratégiques. Dans l’ensemble, les acteurs économiques, entreprises et ménages ont manifesté le désir de consommer plus local. Ces vœux risquent de se heurter à une réalité des prix dans un environnement mondialisé où le choix du consommateur continuera d’aller vers les prix les plus bas.
Durant le confinement, le prix de certaines denrées a flambé soit parce que les usines de production étaient fermées soit parce que les denrées ne pouvaient plus être acheminées.
La perturbation de l’offre au moment où la demande s’envolait a fait monter les prix. Ce phénomène est purement de courte durée les prix de certains produits étant déjà repartis à la baisse.
Les quantités énormes de liquidités qui sont en train d’être créées ne demandent qu’à circuler via la consommation des ménages et l’investissement, dès la sortie du confinement. Le problème de cette théorie, c’est qu’il n’y a plus de lien entre les quantités de liquidités et la croissance.
D’une part, avec la montée du chômage, les ménages devraient épargner du fait de pertes de revenus. D’autre part les entreprises vont modérer leurs projets d’investissements pour celle qui n’auront pas déposé le bilan.
L’épargne freine la croissance et donc l’inflation.
On le voit, nous sommes dans un monde de faible inflation qui sauf catastrophe bancaire non maîtrisée, devrait s’inscrire dans la durée. L’impact sur les revenus fixes sera donc très limité et le risque de voir son loyer fixe perdre en valeur est très faible.